ACROSS THE DAYS

LES NRJ MUSIC AWARDS M’ONT TUER

Posted in ACROSS THE DAYS, ACROSS THE MUSIC by Louis Lepron on janvier 29, 2012

Depuis 2000, la radio NRJ organise chaque année à la mi-janvier ses propres récompenses sous le nom de « NRJ Music Awards ». Entre Nolwenn Leroy, Shakira, LMFAO, Christophe Maé, Shy’m ou encore Matt Pokora, la crème de la musique était présente pour cette édition 2012. Une émission en prime time sur TF1 soumise aux diktats de NRJ et des majors.

Un émission laborieuse

De l’arrivée d’Adriana Karembeu en Hummer en passant par le costume à pleurer de Justin Bieber, les NRJ Music Awards nagent dans le mauvais goût. « Belle », « beau », « plaisir », « grande », « talentueux », le vocabulaire de Nikos Aliagas, présentateur de l’émission, ne connaît aucune limite.

Et quand viennent les premières nominations, entre Pitbull et Sean Paul ou Enrique Iglesias, on se pose une question : comment ? Comment les professionnels de la musique, et plus particulièrement les majors, peuvent t-ils s’apitoyer sur leur sort en pointant du doigt le téléchargement illégal lorsqu’une telle offre musicale nous est présentée ?

Outre le choix des artistes, les chansons choisies pour les lives de l’émission n’ont rien d’originales : sur les 19 « performances », cinq sont des reprises : Shakira qui reprend du Francis Cabrel; Nolwenn Leroy qui donne de la voix sur un bon vieux Manau; « En apesanteur », vieux tube de 2002, version Shy’m; Matt Pokora qui récupère du Jean-Jacques Goldman, etc. En résumé, la création musicale n’est pas le fort des NRJ Music Awards.

La musique francophone, mal en point

Du coté de la France, la cérémonie a récompensé Keen V, un mélange de paroles incompréhensibles sur une musique qui semble avoir été produite dans une salle de bain. Pourtant, c’est la « révélation francophone de l’année ».

Matt Pokora a lui aussi connu les lauriers. Non pour son dernier album qu’il aurait dument créé de ses propres oreilles, mais grâce à une reprise de Jean-Jacques Goldman. La seule différence avec l’originale ? L’avoir passée par un mixeur antillais. Ainsi, on chipe un tube des années 90 et on obtient la meilleure « chanson francophone de l’année ».

Il est aussi à noter que Nolwenn Leroy, nommée dans deux catégories, fait partie de la longue liste des chanteurs et chanteuses passés par l’émission de télé-réalité Star Academy qui ont été, étrangement, récompensés aux NRJ Music Awards : Jennifer, Emma Damas ou Gregory Lemarchal ont aussi eu droit, en leur temps, à un bon partenariat entre NRJ et TF1. Une manière d’accentuer la victoire d’un candidat de la télé-réalité en peine dans les bacs, qui plus est quand les rumeurs de trucage fusent.

Mieux vaut avoir vendu des disques et être signé sur une major

Outre-Atlantique, aucune surprise : on prend les meilleures ventes en provenance des plus grands labels. L’exemple des artistes internationaux nommés est flagrant au regard de leurs ventes respectives et du label auxquels ils sont rattachés.

Par exemple :

  • Adele : 16,4 millions d’exemplaires. Label : XL, Columbia
  • Bruno Mars : Artiste numéro 1 mondial des ventes digitales en 2011. Label : Warner Music
  • LMFAO : 346 millions de vues pour leur premier single « Party Rock Anthem« . Label : Universal Music Group
  • Beyoncé : 1,089,000 d’albums vendus aux États-Unis depuis sa sortie. Label : Columbia Records
  • Britney Spears : 1 400 000 d’exemplaires. Label : Jive Records/Sony Music Entertainment
  • Rihanna :  2,038 millions d’exemplaires depuis sa sortie. Label : Def Jam / Universal Music Group
  • Black Eyed Peas : 2,5 millions au 24 février 2011. Label : Interscope / Universal Music Group

Ces chiffres et les labels cités de manière non exhaustive montrent bien que les petits groupes, petits artistes et petits labels indépendants sont ignorés lorsque les critères de sélection ne reposent que sur les ventes. En 2010, alors que son artiste Charlie Winston était nommé mais n’était pas le bienvenu à la cérémonie, Marc Thonon, directeur du label Atmosphériques, déclarait :

 « Comme par hasard, il n’y aura que des musiciens issus de grosses multinationales qui seront programmés. (…) C’est purement et simplement une main mise des majors sur la programmation ».

Mais le plus étrange reste que les artistes ou groupes récompensés doivent être en bon terme avec la radio et la chaîne pour pouvoir être récompensés : Madonna ayant mis un terme à son partenariat avec NRJ ou Britney Spears ayant préféré Fun Radio, aucune des deux ne reçut de nouvelles récompenses, cette année y compris.

De l’autre côté, il est curieux que M Pokora, sans connaître un succès monstre, soit souvent nommé puis gagnant, encore une fois cette année. Curieux, car le chanteur a participé à l’émission de TF1 « Danse avec les stars », tout comme la chanteuse Sh’ym, elle aussi récompensée aux NRJ Music Awards 2012 en tant que « Artiste Féminine Francophone ».

Une forme d’auto-satisfaction de ses résultats et de ses partenariats.

 Des récompenses inventées pour l’occasion

Une des surprises de cette édition a été la capacité d’invention des organisateurs de la soirée. Car près de trois nouveaux prix ont été décernés.

Deux « NRJ Music Award d’honneur » ont ainsi été respectivement attribués à Sharkira (34 ans) et Justin Bieber (17 ans). Il semblerait que ces distinctions aient été créées spécialement pour que les deux artistes soient présents à la cérémonie.

Pour ce qui est de Nolwenn Leroy, c’est un « NRJ Music Award de la meilleure vente de disques » sorti de nul part qui a récompensé la chanteuse bretonne. Un « award » un poil mensonger car c’est Adele, avec plus de 16 millions d’albums vendus en 2011, qui aurait dû le recevoir.

Enfin, Mylène Farmer, qui n’avait aucune actualité musicale en 2011, excepté une énième compilation, a elle aussi fait triturer les méninges de la direction de TF1 et d’NRJ. Déjà récompensée neuf fois aux NRJ Music Awards – un record, elle a reçu samedi soir un « Award de diamant ».

L’émission, qui ouvre le MIDEM, le plus grand rassemblement des acteurs de la musique au monde, n’est plus une vitrine de l’actualité musicale internationale mais une machine à promotion des majors et des chansons vendues à des millions d’exemplaires. Une façon de légitimer ce qu’on réussit à vendre.

N.B : article repris sur Ru89.

12 Réponses

Subscribe to comments with RSS.

  1. Helene said, on janvier 30, 2012 at 10:58

    Tellement vrai !!!
    la musique française n’a plus d’avenir avec tous ces ringards

  2. Julien Tarit said, on janvier 30, 2012 at 4:30

    Juste pour dire, Nolwenn n’a pas repris Manau mais un vieux chant dans sa langue originale, Manau s’en est servi comme « sample » remis au goût du jour. Juste avant de critiquer, il faut connaître ses classiques. Mais il est clairement vrai que la création musicale s’estompe, se minimalise et reste une machine a fric et non un partage d’une passion.

    • Across The Days said, on janvier 30, 2012 at 4:40

      Oui j’ai oublié de le remettre dans le papier, ça faisait un peu lourd de dire que Nolwenn Leroy reprenait Tri Martolod, elle même reprise il y a dix par Manau. Et de toute façon, si Manau ne l’avait jamais repris, je crois que Nolwenn Leroy n’aurait pas pris le risque !

  3. Benjamin Keys said, on janvier 30, 2012 at 4:47

    Tri Martelod repris par Nolwenn n’est pas de Manau mais d’Alan Stivell. (Merci Julien)
    Il suffit de voir aussi le peu de « célébrités » mondiales présentes… La qualité des prestations….
    Au moins il y avait très peu de play black comparé a la semaine dernière avec le « best of » des années 70/80/90/00 100% play black…

  4. Florek said, on janvier 30, 2012 at 5:02

    Merci, pour cette article criant de vérité.
    Ça me rassure de ne pas être le seul à être profondément dégoûté par ce genre de cérémonie aussi profondes intellectuellement qu’un bidet.
    J’en aie sincèrement marre de ce marché de la musique monopolisé, voire pris en otage par des « artistes » douteux aux productions la plupart du temps immondes. C’est d’une injustice indécente, et votre article montre tout à fait quelle est la finalité de ce genre de cérémonie (qui ne sont au final rien d’autre qu’une très longue page de pub, un doigt d’honneur dressé dans le ciel à l’intention de la musique).
    Tout ça pour enrichir (d’argent et de notoriété) des gens qui ne le sont déjà trop. Cette émission ne mérite que de disparaitre du paysage audiovisuel français, tant elle n’a rien pour elle, à part des valeurs tellement malhonnêtes qu’elles m’en donnent la nausée.

  5. Wediawix said, on janvier 31, 2012 at 3:51

    Super article et bon coup de gueule ! Franchement il y en a marre !! Je suis complètement d’accord avec toi et merci de l’avoir écrit et partager !

  6. Johnbob said, on janvier 31, 2012 at 12:12

    Excellent article

    Mais malheureusement tant que des leaders d’opinion ne reprennent pas ces idées rien ne changera.

    PS : excellent article SAUF que Nolween Leroy ne reprend pas du Manau mais des chants traditionnels bretons. Manau c’était déjà une sale reprise qui les bretons n’aimaient pas. Nolween a juste fait l’effort de prononcer du breton et rien d’autre.

  7. Florian D. said, on janvier 31, 2012 at 1:28

    Reblogged this on LA MISE A JOUR.

  8. Florian D. said, on février 2, 2012 at 6:05

    Les NRJ Music Awards sont la grande messe de la musique commerciale. Des sonorités passées en boucle sur les plus grandes radios. Bref aucun intérêt à regarder cette émission, comme tous les ans personne n’est satisfait par les récompensés.

  9. levolubile.com said, on février 6, 2012 at 10:13

    Que rajouter à cet article criant de vérité? TF1 toujours en quête de « peopliser » la culture.
    Imaginiez une telle cérémonie envers le cinéma? on aurait le droit à toutes les « bouses » ou apparaît Jamel, Elmaleh et autres..

    Qu’en est il des vrais artistes? ceux qui vendent réellement et qui font réellement de la musique?
    Phoenix qui cartonne aux states, ou Paradis qui vends énormément?

    TF1 est juste la représentation de l’anti-culture massive. L’audience que ce genre d’émission génère fait peur..

  10. L’ORDRE COLLECTIF « ACROSS THE DAYS said, on février 7, 2012 at 7:48

    […] lendemain d’une cérémonie des NRJ Music Awards qui aura comme à son accoutumée fait couler beaucoup d’encre, permettez qu’à mon […]

  11. Rúben said, on mars 8, 2012 at 2:12

    Genre, ils sont obligés de donné un « awards d’honneur » à Shakira pour qu’elle vienne chanter ! C’est trop naze ce qu’ils racontent.


Répondre à Benjamin Keys Annuler la réponse.