ACROSS THE DAYS

LE PLAN CUL VU PAR HOLLYWOOD

Posted in ACROSS THE CINEMA, ACROSS THE DAYS by Louis Lepron on septembre 21, 2011

Cette année, le cinéma américain aura été bavard autour d’un thème : le sexe entre amis. Sortis à six mois d’intervalle dans les salles françaises, les films « Sex Friends » et « Sexe entre amis » avaient exactement le même titre, la différence résidant dans la langue utilisée.

Pour ces deux comédies, l’heure semblait à la décrispation des fessiers pour enlever le balai coincé dans les productions hollywoodiennes. Une chose assez exceptionnelle pour les studios américains qui, dernièrement, nous ont plutôt fourni des films soit prudes (« Il n’est jamais trop tard », « Comment savoir »), soit vulgaires (« L’abominable vérité », « Hanté par ses ex »).

Afin de nous fournir un produit intermédiaire, les scénaristes d’Hollywood ont essayé cette année de nous concocter des films avec l’étiquette « plan cul ». Dans « Sex Friends » et « Sexe entre amis » les partenaires n’ont pas le droit de sortir ensemble pour aller un cinéma, au restaurant ou, pire, au bowling.

Le thème du « sexe » étant central, comment Hollywood s’en est-il sorti ?

D’un côté, « Sex Friends » :

Le film se déroule à Los Angeles avec Adam (Ashton Kutcher) et Emma (Natalie Portman). Adam, fils à papa notoire, a un boulot d’assistant dans une série américaine ressemblant très forcément à « Glee ». Récusant les actes de son père qui se tape son ex, Adam boit et se retrouve dans le lit d’Emma.

Décidant qu’à deux au lit c’est mieux qu’à deux dans la vie, Emma et Adam entretiennent un « plan cul » et deviennent des « sex friends » comme ils aiment l’annoncer à leurs amis et parents. Pour résumer, ils se retrouvent tard dans le lit mais les câlins sont bannis.

L’ambiance détente de Los Angeles ne permet pourtant pas que le sexe soit abordé frontalement. La caméra ne dévoile pas un seul bout de chaire et les blagues potaches à la « American Pie » ne font pas sourire :

« Tu te souviens ? C’est moi, Emma, tu avais essayé de me doigter en colo »

Dès les prémices du scénario, on décèle le véritable objectif de cette petite comédie : attirer les spectateurs grâce au côté « sexe » du titre, puis se concentrer sur la romance. Faussement léger lors des scènes au lit, « Sex Friends » est à l’image de l’acteur américain Ashton Kutcher : raté, vide de toute intelligence et timide lorsqu’on s’approche un peu trop du sexe.

De l’autre côté du plumard, Emma hésite depuis toujours à se caser avec un type, caressant ainsi l’idée d’être « l’amie sexuelle » de Adam. Ce qui n’est d’ailleurs jamais le cas puisque les deux personnages ne se parlent pratiquement jamais et restent chacun de leur côté une fois l’acte terminé.

L’aspect « révolutionnaire » de cette comédie réside peut-être dans un petit détail : ce n’est pas la fille qui cours après le garçon mais l’inverse. Et c’est bien peu pour une production hollywoodienne qui se contente de prendre des adultes pour des gamins tout excités de découvrir leur libido.

De l’autre, « Sexe entre amis » :

« Sexe entre amis » prend place dans la partie européenne et huppée des États-Unis, New York. Bien que le personnage principal Dylan (Justin Timberlake) soit originaire de Los Angeles, les péripéties ont lieu dans la grande pomme. Dylan rencontre alors Jamie, chasseuse de tête.

Pour synthétiser, on peut dire que Dylan est l’opposé d’Adam : plus mature, plus compétent, il est embauché comme directeur artistique de GQ et quitte facilement sa ville natale. Mila Kunis, qui joue le rôle de Jamie, vient comme Natalie Portman de « Black Swan ».

Moins enfantin que « Sex Friends », le film enfonce des portes sans entrer dans le vif du sujet. Dans la première partie, Dylan et Jamie tombent dans les bras de l’autre faute d’avoir été compris par leurs ex et le sujet du sexe est effleuré de manière assez subtile pour un film américain.

Mais l’énergie du début du film et la coolitude des acteurs qui réussissent un temps à faire croire que Hollywood peut parfois se dévergonder sont alors plombés par un happy end pleurnichant. La seule référence intéressante de « Sexe entre amis » étant la mère de Mila, femme libérée sortie des années 70, qui conseille à sa fille de…s’engager.

Un bilan mitigé

Côté pile, Natalie Portman et Ashton Kutcher qui ne brillent pas dans une comédie peu inspirée. Côté face, Justin Timberlake et Mila Kunis sont les surprises de « Sexe entre amis » : malgré le final évidemment larmoyant, ils forment un bon duo d’acteur pour une comédie qui reste enlevée et énergique tout en étant en accord avec la définition de « sex friends » délivrée par le psychanaliste Vincent Estellon, intérrogé par 20minutes.fr :

« Le sex-friends est une activité sexuelle régulière, assurée, avec quelqu’un en qui l’on a confiance, puisque c’est un ami, et avec qui on peut parler, et rire. L’humour est une grande partie de ce qui fait la force d’un couple ».

Mais ces deux films prouvent encore une fois que le Hollywood populaire que l’on connait est encore trop coincé pour titiller avec originalité un sujet de société aussi banal que le sexe entre amis. Produits par les imposants studios de Sony et de Paramount, on est abasourdi pour leurs goûts du non-risque et des clichés.

Leur objectif ? Attirer en faisant croire à une mise à jour des comédies romantiques tout en restant dans les clous des romances habituelles. Dommage.

3 Réponses

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  1. Vincent Lidou said, on septembre 22, 2011 at 5:06

    Dommage… Mais pas étonnant de la part d’Hollywood….
    Pourtant c’est simple quand même ! Le sexe entre amis consentants, pas d’engagement surtout, enfin, moi je trouve ça plutôt simple et plutôt assez clean tant que l’on fixe la règle du non-engagement dès le départ.

    Perso, j’ai été très déçu de Sex Friends, et je n’ai pas encore vu l’autre.

  2. TWO AND A HALF MEN « ACROSS THE DAYS said, on octobre 13, 2011 at 8:32

    […] par Ashton Kutcher, petit ado a la gueule d’ange qui s’est notamment illustré dans « Sex Friends », alias le navet-ou-on-se-demande-ce-que-Natalie-Portman-est-allée-foutre-dedans. Que l’âme […]


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